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Au départ, il y a ma volonté farouche de ne PAS SAVOIR ce que je ne sais pourtant que trop: l’épouvantable et massive destruction d’êtres vivants, considérés comme des choses, dans le délire de la production capitaliste. Images fugaces entrevues sur Internet de conduite de veaux à l’abattoir, camions bourrés de moutons sur l’autoroute, photos de montagnes de poissons sur le pont d’un bateau, débats sur le droit de détention de souris de laboratoire, descriptions d’usines de production de biftecks sur patte où les bovins ne voient pas un brin d’herbe, d’élevages de porcs destinés à la fabrication de médicaments, et tout et tout. Par millions, voire milliards, les animaux sont tués, dépecés, conditionnés, transformés par les industries en «produits» divers, pour le plus grand profit de l’accumulation capitaliste. Et simultanément, les millions de gens qui meurent de faim dans le monde.

Le fait de penser, même furtivement, à tout cela procure une nausée horrifiée. Mieux vaut fermer les yeux, se boucher les oreilles, se bloquer l’imagination. NE PAS SAVOIR. Parallèlement, les émissions télévisées animalières sur les espèces menacées, les reportages empathiques sur l’intelligence et la sensibilité animale, les films sur les oiseaux migrateurs ou les grands fonds marins se multiplient. Exactement comme pour la démocratie ou la nature: moins il y en a, plus on les piétine, plus la propagande dominante les encense. Dans les documentaires animaliers, je découvre que la pieuvre prévoit et se souvient, que les éléphants pleurent, que les guêpes se tordent de douleur sous le jet des insecticides, que les jeunes chauves-souris jouent, comme tous les petits mammifères. De nouveau: NE PAS SAVOIR, pour ne pas penser. Comme dit l’écrivain Daniel Pennac (je cite de mémoire): «Quelqu’un qui peut regarder le journal télévisé sans fondre en larmes n’a pas une sensibilité normale…»

Ensuite, il y a ces jeunes gens qui tiennent de drôles de stands au marché de Lausanne. Ils font signer des pétitions contre la détention d’animaux dans les cirques ou pour l’abolition de la consommation de viande. Des illuminés sentimentaux? J’ai aussi ludes articles de journaux rapportant que des militants antispécistes, en Angleterre, n’hésitent pas à pénétrer dans des laboratoires pour libérer des animaux, menacent de mort des patrons de l’agroalimentaire. Jusqu’en Suisse: l’urne de la mère du patron de Novartis a été volée ─ profanation ─ et le chalet de ce M. Vasella a été incendié. Ces militants sont-ils tous fous? L’amour des animaux leur fait-il perdre de vue le respect humain? Leur révolte contre la cruauté envers les animaux justifie-t-elle à leurs yeux une cruauté identique, révoltante et absurde, envers les humains jugés responsables?

Cette fois, j’ai voulu en savoir plus. Julien, membre de l’association LausAnimaliste, a accepté de me répondre longuement pour aller un peu au-delà de ces visions réductrices. Lire le reste de cette entrée »